Les spondyloarthrites (SpA) constituent un groupe de maladies articulaires inflammatoires chroniques, se manifestant principalement par une inflammation douloureuse des articulations de la colonne vertébrale et du bassin. Leur compréhension a longtemps été centrée sur des facteurs génétiques, notamment l'allèle HLA-B27. Cependant, l'influence du microbiote intestinal dans le déclenchement et le développement de ces affections a été mis en lumière par le Docteur Maxime Breban, un éminent spécialiste en rhumatologie. Découvrez les dernières avancées en la matière…
Le Docteur Maxime Breban : le spécialiste de la rhumatologie
Le Dr. Maxime Breban, professeur de rhumatologie et chef du service de rhumatologie à l'hôpital Ambroise Paré, s'est distingué par son engagement dans la recherche sur les rhumatismes inflammatoires, notamment les spondyloarthrites (SpA). Il est également le co-directeur du Laboratoire 2IC (unité Inserm/Université de Versailles-St-Quentin) et le co-fondateur du site SPONDY+, un portail Internet dédié aux patients souffrant de SpA. Le Dr. Breban est un véritable pionnier dans le domaine, et ses recherches ont apporté un nouvel éclairage sur ces maladies invalidantes.
Les Spondyloarthrites : bien plus qu’une histoire de gènes
Les SpA ont longtemps été associées à des facteurs génétiques, en particulier l'allèle HLA-B27. Cette prédisposition génétique est un élément central dans la compréhension de ces maladies, comme l'explique le Dr. Breban : "Le rôle de certains facteurs génétiques, notamment l'allèle HLA-B27, a été bien étudié dans le déclenchement de ces maladies." Cependant, il est désormais clair que l'environnement, en particulier le microbiote intestinal, joue également un rôle non négligeable.
Le Microbiote Intestinal : vers une autre compréhension de la maladie
Le microbiote intestinal, c’est-à-dire l'ensemble des micro-organismes présents dans la lumière intestinale, est devenu un domaine de recherche en pleine expansion.
Le Dr. Breban et son équipe ont mené une étude révolutionnaire, en collaboration avec le laboratoire Micalis de l'INRA, pour explorer l’influence du microbiote intestinal dans les SpA.
Car, en effet,comme le souligne le Dr. Breban "un grand nombre de données anciennes suggèrent qu'il pourrait y avoir un lien entre l'intestin et ces maladies".
Dysbiose Intestinale : le déséquilibre qui rend malade
Les résultats de cette étude ont révélé une dysbiose intestinale chez les patients atteints de SpA. Cette dysbiose, caractérisée par un déséquilibre de la composition des bactéries dans l'intestin, est considérée comme un élément fondamental dans le développement de ces maladies.
Le Dr. Breban explique : "Le premier résultat important de notre étude est d'avoir constaté une raréfaction de la diversité microbienne dans le cas des deux maladies. Nous pensons que ce manque de diversité peut faire le lit de beaucoup de pathologies."
Ruminococcus gnavus : une bactérie en surpopulation chez les malades
Une découverte majeure de cette étude concerne la bactérie Ruminococcus gnavus, présente en abondance dans le microbiote intestinal des patients atteints de SpA. Cette bactérie, habituellement présente dans l'intestin, pourrait intervenir dans le déclenchement ou non de ces maladies. Le Dr. Breban souligne : "Nous nous sommes rendus compte que l'activité de la SpA était corrélée avec la proportion de Ruminococcus gnavus retrouvée dans les selles."
Quel est le rôle de R. gnavus dans la spondylarthrite ?
Ruminococcus gnavus est une bactérie intestinale courante. Toutefois, lorsque sa présence devient excessive, elle entraîne la dégradation excessive du mucus protecteur de l'épithélium intestinal, susceptible de déclencher une inflammation intestinale.
Comment cette réaction inflammatoire intestinale est-elle liée aux maladies articulaires telles que les SpA ? Les chercheurs émettent deux hypothèses distinctes:
D'une part, il est envisageable que les médiateurs de l'inflammation produits dans l'intestin puissent circuler dans le sang et agir sur la zone d'attache des ligaments à l'os, connue sous le nom d'enthèse, qui est souvent affectée par l'inflammation dans les SpA. Cela pourrait inciter les lymphocytes T spécifiques de l'enthèse à réagir aux médiateurs et ainsi déclencher l'inflammation articulaire.
D'autre part, il est également envisageable que l'inflammation intestinale puisse augmenter la perméabilité intestinale, permettant ainsi aux débris microbiens de pénétrer plus facilement dans le système circulatoire et d'être transportés jusqu'aux articulations.
L'Intestin et les Spondyloarthrites : un lien à ne pas sous-estimer
Les recherches du Dr. Maxime Breban et de son équipe offrent un nouvel éclairage sur les mécanismes sous-jacents des SpA. Il est possible que, à l'avenir, la modulation de la flore intestinale puisse devenir une approche thérapeutique prometteuse pour ces affections, offrant ainsi de l'espoir aux millions de personnes touchées par les spondyloarthrites. Comme le dit le Dr. Breban, "explorer le rôle du microbiote intestinal est essentiel pour comprendre ces maladies complexes."
Pour conclure sur le microbiote intestinal
Le Dr. Maxime Breban et son équipe ont ouvert la voie à une compréhension plus profonde des SpA, en intégrant le microbiote intestinal comme un acteur central dans le puzzle de ces maladies. Ses recherches sont un exemple inspirant de l'importance de l'interdisciplinarité et de l'exploration de nouvelles voies pour mieux comprendre et traiter les affections médicales complexes.
Source :
M. Breban et coll. Faecal microbiota study reveals specific dysbiosis in spondyloarthritis. Ann Rheum Dis, édition en ligne du 12 juin 201